La Vérité sur la Bataille de Pleime

Quand les historiens américains écrivent sur la Campagne de Pleime, ils ne voient que la bataille de la Vallée d’Ia Drang et ignorent la bataille de Pleime. De leur côté, les historiens nord-vietnamiens affirment que l’objectif de la bataille de Pleime était d’attirer les troupes américaines à un piège monté dans les régions montagneuses de Chu Prong. Tous ces deux points de vue déforment la vérité historique.

Perspective Américaine

Prenons l’exemple de la narration offerte dans le web site LZ X-Ray:

A la fin du mois d'octobre 1965, un élément important du Nord VN attaque le camp des forces spéciales à Plei Me. Et la 1ère brigade/1ère DEUS entre dans la bataille. Après avoir repoussé l'ennemi dans le courant du mois de novembre, la 3ème brigade prend la relève: les trois jours de ratissage qui s'en suivent, ne donnent aucun résultat, le 1er bataillon du colonel Hal Moore/7ème brigade est transporté vers la vallée d’Ia Drang le 14 avec la mission de poursuivre et anéantir l'adversaire.

A 10 heures 48 du matin du matin du 14/11, Moore est le premier à se jeter de l'hélicoptère à terre en se servant de son fusil M.16. Lui et sa troupe n'imaginent pas un instant qu'ils vont bientôt entrer dans l'histoire en engageant dans la plus grande bataille que n'aient jamais livrés les deux protagonistes Américano Nord-vietnamien, une lutte sans merci entre les GI et les régulières communistes.

Ou celle offerte dans le web site de l’US 1st Air Cavalry, la division qui a participé dans cette bataille:

Le 10/10/1965, pour l'opération "Shiny Bayonet", la 1ère DCUS entame un déplacement aérien sans précédent, une brigade entière a été aéroportée pour faire face à l'ennemi. Le groupement se compose des 1er et 2ème bataillon/7ème brigade cavalerie (BCUS), le régiment blindé/9ème BCUS, le 1er bat/12ème BCUS et le 1er bataillon/21ème régiment d'Artillerie. Au lieu de résister, les VC ont choisi de prendre la fuite. Il n'y avait eu que des accrochages sans importants mais les soldats US ne tardaient pas à avoir l'occasion de tester leurs capacités de combat durant les 35 jours de la campagne de Pleiku.

Le 23/10/1965 un véritable baptême du feu est arrivé suite à la décision historique du Gén. Westmoreland, laquelle ordonnait à la 1ère DCUS la mission d'attaque aéroportée contre l'ennemi situant dans un vaste périmètre de 2000 miles carrés. Les troupes appartenant à la 1ère brigade et le 1er régiment mécanisé/7ème brigade, du haut du ciel se plongeaient précipitamment au-dessus du 33ème régiment VC avant que celui-ci puisse s'échapper de Pleime. Ce régiment en question pratiquait alors le "sauve qui peut" et fut anéanti rapidement.

Le 09/10, arrivait le tour de la 3ème brigade à entrer dans la lutte. 5 jours plus tard (14/11) le 1er Bataillon/7ème Brigade aidées par les éléments du 2ème bataillon débarquant d'hélicoptères prenaient l’assaut la vallée Ia Drang, tout près de Chu Prong. Et le point de chute X-Ray s'est chauffé à blanc dès le début. Ce fut sur X-Ray que la première médaille d'honneur a été épinglée sur la poitrine du Lieutenant Walter J. Marm du 1er Bat/7ème BCUS. Le 16/11, le reste du 2ème bataillon remplaçait le 1er à X-Ray, celui-ci se déplaçait vers le point de chute Albany pour établir quelques verrous stratégiques. L'affrontement a eu lieu, la plus terrible bataille qu'ai jamais connue cette division, des combats au corps à corps, à la pointe de Baïonnette, des tirs rapprochés sans parler des interventions des forteresses volantes B 52 dans les environs de Chu Prong. La "boucherie" durait 3 jours entiers. Enfin grâce à l'arrivée des renforts, et à la suprématie de la puissance de feu, les VC ont été forcé à s'enfuir vers l'autre côté de la frontière Cambodgienne.

A la fin de la campagne de Pleiku du 25/11, la 1ère DCUS, malgré sa victoire a du payé un prix élevé en comptant 300 tués parmi les siens, dont la moitié a péri dans l'embuscade (le 2ème bataillon/7ème BCUS) au point de chute Albany. En revanche, elle a anéanti deux sur trois régiments VC engagés dans le combat, et jouissant ainsi la première citation présidentielle décernée à une division expéditionnaire. L'ennemi a eu droit à une première défaite retentissante et son plan de s'approprier du territoire, minutieusement étudié a été réduit en miette.

La 1ère DBUS retourne à sa base d'origine à An khe sur la RN 19.

Dans les deux narrations ci-dessus mentionnées, le rôle des unités ARVN n’est pas mentionné; en outre, la principale étape de la Campagne de Pleime est focalisée à la Vallée d’Ia Drang, tandis que la bataille à Duc Co qui se déroule à la fin de la campagne et effectuée par une brigade de parachutistes ARVN a été totalement ignorée.

A la Conférence sur les Campagnes Pleiku/Ia Drang organisée par Vietnam Center à Washington le 12/11/2005 à l’occasion de la réunion annuelle des anciens combattants de l’US 1st Cavalry Division qui avait pris part dans la bataille de la Vallée d’Ia Drang, non seulement le rôle des unités ARVN n’est pas mentionné, même l’appellation des événements de la bataille a été déformée: au lieu de Pleime/Ia Drang Campaigns, elle est devenue The Pleiku/Ia Drang Campaigns! La Bataille de Pleime a été effacée des pages des historiens américains.

Perspective Viet Cong

Dans la même conférence, les Viet Cong y sont invités et le Général Nguyen Van Uoc de l’ANV se montre en tant que spéciale orateur qui présente le point de vue de l’ANV au sujet de la Campagne de Pleime. Selon le Général Uoc, l’objectif principal de la Bataille de Pleime était d’attirer les troupes américaines à la Vallée d’Ia Drang où un piège les attendait. Il soumet au Dr. James Reckner, Directeur du Vietnam Center, un document imprimé pour supporter son point. Le document note:

Début octobre 1965, basé sur l’évaluation de l'état de l’ennemi et sur le niveau de nos préparations, le Commandement de la campagne a décidé d’assigner les tâches aux unités de la façon suivante: la cible et la région où l’ennemi serait détruit est camp Chu Ho, le siège est établi à camp Pleime, l’embuscade pour détruire la colonne de secours est établi sur la 21è route (de la colline 538 à celle de Blu). La région où nos troupes attaqueraient les américains serait la vallée d’Ia Drang. Les cibles de diversion seraient les camps de Duc Co et Tan Lac. La cible confiée aux unités de commandos est le camp Bau Can. La direction de coordination est établie à l’ouest de la 14è route et Kontum. Le concept directeur est d’encercler le camp afin de détruire la colonne de secours, visant à détruire l’ennemi hors de ses fortifications.

A propos du plan, la campagne est divisée en 3 étapes: 1è étape, encercler le camp Pleime, détruire la colonne de secours ARVN; 2è étape, continuer à encercler le camp Pleime, forçant les troupes américaines à s’engager; 3è étape, concentrer les forces visant à attaquer une force américaine majeure et la détruire et terminer la campagne.

Si cela était vrai, alors les tacticiens VC étaient des vrais génies. Une planification bien soignée d’une bataille engageant l’ampleur d’une division pour attaquer un camp avec trois régiments (32è, 33è et 66è), aurait requis une étude d’au moins de deux ou trois mois. La Bataille de Pleime, selon ce document VC, déclenche le 19 octobre, alors que le bateau Rose qui transporte les premières unités de l’US 1st Air Cavalry Division arrive au port de Qui Nhon mi-septembre, et ces unités montent à An Khe pour commencer à éclaircir la forêt afin de s’établir dans des tentes. Il est difficile d’imaginer que les VC auraient pu anticiper et tenir compte des troupes américaines de l'US 1st Air Cavalry Division comme une variable à inclure dans le planning de l’attaque contre Pleime des mois en avance.

Deux mois avant, quand les Viet Cong attaquent le poste Duc Co, le 2è Corps d’Armée envoie une force de frappe de parachutistes et une force de frappe de marines pour secourir le poste, tandis que l’US 173rd Brigade a été envoyée pour protéger Pleiku. Il est normal que quand les Viet Cong utilise la même tactique de diversion en feignant l’attaque d’un poste afin de détruire la colonne de secours quand ils attaquent Pleime, ils auraient dû prévoir que la colonne de secours serait formée par des unités ARVN tandis que les troupes américaines ne joueraient qu’un rôle périphérique; les Viet Cong ne seraient pas si prévoyant au point de prédire que cette fois ci les troupes américaines, avec l’US 1st Air Cavalry, se plongeraient seules dans la bataille.

D’autre part, les Viet Cong affirment qu’ils ont employé la tactique de faire semblant d’attaquer un poste afin de détruire la colonne de secours pour attirer les troupes américaines. Mais en réalité, les troupes américaines qui se sont entrées dans la Vallée d’Ia Drang non avec l’intention de secourir quiconque, et en outre les Viet Cong sont pris par surprise, plutôt que dans une posture d’alerte, puisque le commandant de bataillon n’était pas présent avec son unité au moment de l’attaque:

Tandis que l’ennemi attaque notre 9è bataillon, son commandant n’est pas encore de retour de sa réunion au quartier général du régiment, le commandant adjoint dirige nos troupes au niveau de bataillon pour combattre contre l’ennemi et demande du renfort de la 13è compagnie. Bien que prises par surprise, nos troupes combattent avec courage.

Le document VC continue:

La victoire de la campagne de Pleime […] a laissé plusieurs leçons apprises importantes dans le domaine d’art militaire.

En tout premier lieu est l’art de prédiction exacte du combat de l’adversaire. Quand les troupes américaines entrent au Sud, le combat direct devient une chose inévitable. Cependant, à ce moment-là (octobre 1965), notre connaissance à l’égard des Américains était très limitée. L’organisation du personnel, l’art de combat, les capacités des troupes américains étaient des paramètres inconnus pour nous. Afin de vérifier ceci, comme les troupes américaines se montrent aux Hauts Plateaux, nous ouvrons la campagne pour attaquer Pleime. Notre but était de combattre et d’étudier main en main afin de complémenter nos évaluations initiales. La réalité a montré que nos prédictions s’avéraient correctes.

S’il est vrai que les Viet Cong ont voulu expérimenter le combat direct avec les troupes américaines, pourquoi ne visaient-ils pas l’US 3rd Marine Division déjà préente à Danang depuis mais 1965, et ont-ils attendu jusqu’à octobre lorsque les troupes américaines se montraient aux Hauts Plateaux?

En fait, les Viet Cong ont eu l’occasion d’étudier et d’acquérir d’ample expérience à propos du combat des troupes américaines qui procurent l’appui aux unités américaines. Le Colonel Mataxis, Chef Conseiller du 2è Corps d’Armée, a écrit sur les combats contre l’ennemi dans la région de An Khe le long de la 19è Route en février 1965:

En ce moment-ci le chef d'état major du Corps (Colonel Hieu) et le chef conseiller du Corps volent en reconnaissance la région pour clarifier la situation pour le commandant du Corps. Ils trouvent que les troupes de VC sont en force de bataillon, bien équipées, et ont mis en pratique les tactiques conventionnelles d'infanterie de tir-et-déplacement. En addition, les VC ont été bien entraînés dans les techniques de feu anti-aérien contre les hélicoptères de combat. Ceux qui sont sous le feu direct chercheraient à se couvrir, mais ceux des côtés flancs continueraient à tirer sur les hélicoptères. La reconnaissance détermine que l'effort des VC de saisir la Vallée d'An Khe est suscité par un large nombre de troupes de Viet Cong endurcis

Le document VC reconnaît qu’à la suite de la lutte contre les troupes américaines dans la Vallée d’ Ia Drang, une force de frappe de parachutistes ARVN se sont intervenus à Duc Co pour attaquer l’ennemi en retrait vers le Cambodge.

Le 17 novembre, l’ennemi débarque une force de frappe de parachutistes à Duc Co et Plei Che afin de couper notre front et notre arrière. Le 320è régiment a seulement le 334è bataillon restant sur le champ de bataille et en conséquence n’a pas pu monter une lutte contre l’ennemi. Le 26 novembre 1965, la campagne est terminée.

Il semblait alors que l’ennemi a été harassé par la force de frappe de parachutistes du 17 au 26 novembre. Cependant, le document n’élabore pas sur les pertes subites des deux côtés dans cette bataille de Duc Co.

C’est bien ridicule que les Viet Cong réclament la victoire dans la Campagne de Pleime, alors que leurs unités ont été décimées à l’endroit d’embuscade (32è Régiment), autour du camp Pleime (33è Régiment), dans la Vallée d’Ia Drang (66è Régiment), et dans la région de Duc Co (334è Bataillon/32è Régiment).

La Vérité Historique

Toutes les deux interprétations - américaine et VC - de la Campagne de Pleime sont inexactes. En fait, la Campagne de Pleime Viet Cong faisait part de la Campagne Hiver-Printemps de 1965 qui visait à couper le Sud Vietnam en deux morceaux le long de la 19è Route de Pleiku dans les Hauts Plateaux à Qui Nhon dans la région littorale. Et la Battle de Pleime a été le dernier effort dans une série d’attaques consécutives lancées par les Viet Cong depuis début 1965 dans le 2è Corps d’Armée.

Ci-dessous est une liste de cette série d’attaques:

- Le 03/02, les VC attaquent camp Halloway de l'US Army 52d Combat Aviation Battalion.
- Le 20/02, les VC attaquent le camp de GDIC FOB1.
- Le 22/02, les VC embusquent la compagnie Soui Doi.
- Le 24/02, les VC encerclent 220 troupes au camp FOB2.
- Le 08/03, les VC attaquent camp Kannah et camp Plei Ta Nangh.
- Le 21/04, les VC attaquent deux bataillons de Marine sur la Route Nationale 1.
- Le 26/05, les VC attaquent le village de Buon Mroc.
- Le 28/05, les VC s'emparent à la fois du pont Pokaha dans Kontum et du pont Le Bac dans Phu Bon.
- Le 31/05, les VC envahissent le District de Le Thanh.
- Le 01/06, les VC embusquent le convoi du Chef de Province de Kontum visitant le District de Le Thanh.
- Le 03/06, um régiment VC embuscade un bataillon du 40è Régiment ARVN en voie de secourir le pont Le Bac près du village de Phu Tuc.
- Mi-juin, les VC attaquent le village de Toumorong à l'ouest de Kontum.
- Le 30/06, un régiment VC embuscade une force de frappe de parachutistes à Cheo Reo dans le District de Thuan Man.
- Le 01/07, les VC lancent une attaque nourrie de mortiers sur la garnison du District de Thuan Man.
- Le 07/07, les VC attaquent le District de Dak To dans la Province de Kontum.
- Début août, les VC, après avoir encerclé le camp Duc Co pendant juillet, tentent d'envahir le camp.
- Le 09/08, les VC embusquent la force de frappe de la colonne de secours sur la Route Nationale 19.
- Le 18/08, les VC attaquent le District de Dak Sut.
- Le 19/10, les VC attaquent le camp Pleime.

Il est évident que ces consécutives attaques faisaient part d’une planification unifiée. Afin d’opposer à ces attaques, le Commandement du 2è Corps d’Armée a devisé une stratégie bien définie qui détermine clairement quand il faudrait contre-attaquer, quand il faudrait tenir, et quand if faudrait battre en retraite:

Pour déterminer la stratégie à utiliser pour faire face à cette offensive anticipée des VC, une réunion a été tenue au quartier général du IIè Corps à Pleiku par les délégués de l'état major du Général William C. Westmoreland conduits par le Général de Brigade William E. DePuy, alors du 3è Bureau MACV, et de l'Etat Major Général de l'ARVN, conduit par le Général Nguyen Huu Co, ancien commandant du IIè Corps qui a été nommé chef des forces militaires de l'ARVN. Il est d'accord qu'à cause de l'amassement accru des troupes ennemies, le IIè Corps adopterait essentiellement une posture défensive dans les hauts-plateaux pendant la saison pluvieuse. Le nouveau commandant du IIè Corps, le Général de Division Vinh Loc, conformément à la posture défensive que doit prendre son corps, analyse la "valeur militaire" de tous les avant-postes et cités du niveau district clés. Il décide que ces postes dans des emplacements exposés seraient défendus aussi longtemps que possible afin de causer le plus possible de dommages aux forces communistes attaquantes. Si après une attaque il est déterminé qu'il serait à notre désavantage militaire de venir au secours à ce moment, à cause de la manque de troupes ou de soutien aérien, les postes seraient ordonnés de se retirer, utilisant des tactiques de fuite et d'évasion si nécessaire. Ceux qui sont réservés comme clés à la défense des régions essentielles à l'intérieur de chaque province seraient défendus à tous prix. Les plans d'urgence sont ébauchés et les troupes de réserve générale de l'ARVN et les avions de transport et de combat de l'Armée de l'Air américaine et vietnamienne sont réservés comme étant le noyau d'une "brigade de pompiers" qui seraient dépêchée aux régions critiques dans les hauts-plateaux.

L’état major du 2è Corps d’Armée analyse et détermine avec exactitude quel front de bataille est une diversion, quel front de bataille constitue la poussée principale dans toute la Campagne Hiver-Printemps de 1965; et il détermine également avec exactitude que la Campagne de Pleime est le combat décisif de la Campagne Hiver-Printemps visant à conquérir Pleiku avant de se diriger vers Qui Nhon. Analysant les différentes sources d’enseignement, l’état major du 2è Corps d’Armée anticipe que l’ennemi développera sa Campagne de Pleime en trois phases: 1. Encercle le camp Pleime avec le 32è Régiment ANV; 2. Détruire la colonne de secours avec le 33è Régiment ANV; 3. Envahir le camp Pleime puis passer à l’assaut Pleiku avec les 32è, 33è et 66è Régiments.

Une raison qui fait que les Viet Cong ont choisi d’attaquer le camp Pleime est que ce camp était près de Pleiku afin d’attirer le 2è Corps d’Armée à envoyer des troupes de secours prises du QG (les autres unités étaient attachées à la tâche de sécurité des différentes régions locales); et cette action diminuerait le nombre de troupes assignées à la défense de Pleiku. Une autre raison pour ce choix est qu’il permet le montage d’un endroit d’embuscade qui serait hors du champ de tir de l’artillerie placée à Pleiku; ceci rendrait les chars vulnérables sans le support d’artillerie.

L’état major du 2è Corps d’Armée prévoit toutes les démarches de la bataille du côté ennemi et contre-attaque en conséquence: 1. Faire semblant d’être dupé par la tactique de diversion de l’ennemi en envoyant deux compagnies de commandos parachutistes, une américaine et une autre vietnamienne, pour renforcer le camp; 2. Demander aux américains d’envoyer une brigade de l’US Air Cavalry pour venir défendre Pleiku; 3. En même temps leur demander de transporter les cannons d’artillerie près de l’endroit d’embuscade pour donner l’appui aux chars. Cet appui d’artillerie a permis à la colonne de secours de détruire sans beaucoup de difficultés le 33è Régiment ANV à l’endroit d’embuscade. Pendant ce temp, l’air force américaine et vietnamienne harcèlent le 32è Régiment ANV autour du camp Pleime. Les survivants de ces deux régiments se retirent aux régions de Chu Prong, où le 66è Régiment stationne en réserve. Comme résultats, le camp Pleime a été libéré et l’ennemi n’a pas pu exécuter son plan de conquérir Pleiku.

L’ARVN a prévalu dans l’enjeu sur le champ de bataille de Pleime parce qu’elle a su mieux déplacer ses unités sur l’échiquier que l’ennemi. Il est à noter que pas comme dans la bataille de Duc Co qui a eu lieu plusieurs mois avant, le Commandement du 2è Corps d’Armée n’a pas utilisé les forces de réserves chevronnées des parachutistes et marines, et a simplement utilisé un bataillon d’infanterie avec deux bataillons de rangers et le 3è Escadron Blindé.

Après la levée du siège au camp Pleime, le Commandement du 2è Corps d'Armée convoque une conférence avec les hautes autorités militaire américaines où il a été décidé de poursuivre l'ennemi en retraite avec les éléments de la US 1st Air Cavalry comme la force principale et la Brigade de Parachutistes Vietnamienne comme réserve. Ce qui suit constitue une grande erreur commise par les troupes américaines en décidant de poursuivre l’ennemi toutes seules. Ce qui s’était arrivé dans la Vallée d’Ia Drang n’a pas été préalablement arrangé par ni les Américains ni les Viet Cong: ces derniers n’ont pas anticipé que les troupes américaines auraient la capacité d’empiler si rapidement leurs unités sur le champ de bataille; et les Américains ont été pris par surprise en marchant sur une colonie énorme de fourmis. Tous les deux côtés souffrent de pertes lourdes, et tous les deux côtés monopolisent la victoire.

Afin de bloquer la route de retraite de l’ennemi cherchant à traverser la frontière cambodgienne, le Commandement du 2è Corps d’Armée demande l’envoie d’une force de frappe de parachutistes de Saïgon à Duc Co. Cette fois ci, ces unités de parachutistes cherchent, embusquent et tuent un grand nombre de troupes ennemies. Le document VC fait mention de la bataille de Duc Co, mais seulement d’une manière superficielle parce que leurs troupes ont subi une grande défaite. Heureusement, le Général Norman Schwarzkopf a raconté cette bataille dans son livre, It Doesn't Take A Hero (1992):

Les parachutistes étaient signalés de prévenir les régiments nordvietnamiens battus dans la Vallée d'Ia Drang de s'échapper en se retirant au Cambodge. Je suis à moitié dormi dans ma chambre au Manor BOQ après un copieux repas de poulet au curry et de bière quand l'appel vient de me rapporter à l'aéroport. Truong a assemblé une force de frappe d'une envergure plus large que d'habitude composée de quelque deux milles troupes pour aller à Ia Drang le matin suivant, et m'a choisi comme son conseiller.

Nous volons dans des avions de transports à la piste d'argile rouge à Duc Co, mon ancien terrain d'opérations, puis par hélicoptères au sud de la rivière de la vallée. Dès que nous sortons de nos hélicoptères nous sommes engagés dans les escarmouches et des échanges des coups de feu. La vallée est à peu près douze miles de large au point où la Ia Drang coule vers l'ouest se dirigeant dans le Cambodge- et quelque part dans ses miles de la dense forêt le corps principal de l'ennemi est en train de se déplacer. Nous avons dû nous débarquer au nord, et Truong donne l'ordre aux bataillons de traverser l'Ia Drang et prendre positions le long des Montagnes Chu Prong, qui forment une série de crêtes abruptes au sud. Il est fascinant de l'observer opérer. Comme nous marchons, il s'arrêterait pour étudier une carte, et de temps en temps il indiquerait une position sur la carte et dit, "Je veux que vous tirer l'artillerie ici." Je suis sceptique au début, mais fait appel aux barrages; quand nous atteignons les régions nous trouvons des cadavres. Tout simplement en visualisant le terrain et basant sur ses expériences combattant l'ennemi pendant quinze ans, Truong démontre une capacité étrange de prédire ce qu'ils sont en train de faire.

Quand nous campons pour la nuit, il ouvre sa carte, allume une cigarette, et dessine en grandes lignes son plan de bataille. La bande de forêt entre notre position sur les crêtes et la rivière, il explique, crée un couloire naturel-la route que l'ANV prendrait presque certainement. Il dit, "A l'aube nous enverrons un bataillon et le met ici, à notre gauche, comme une force de blocage entre la crête et la rivière. Vers huit heures demain matin, ils feront un grand contact avec l'ennemi. Puis j'enverrai un autre bataillon ici, à notre droite. Ils feront contact aux environs de onze heures. Je veux que votre artillerie soit prête à tirer dans cette région devant nous," dit-il, "et puis nous attaquerons avec notre troisième et quatrième bataillons en descendant vers la rivière. L'ennemi sera alors coincé avec la rivière à son dos."

Je n'ai jamais entendu quelque chose de pareille à West Point. Je pensais, "Qu'est-ce que c'est que huit heures et onze heures? Comment puisse-t-il prévoir une bataille de cette façon?" Mais je reconnaissais également les grandes lignes de son plan: Truong a réinventé les tactiques qu'Hannibal avait utilisées en 217 avant J.C quand il enveloppait et anéantissait les légions romaines sur les rives du Lac Traisimene.

Mais, Truong ajoute, nous avons un problème: les parachutistes vietnamiens sont appelés dans cette campagne à cause du souci de l'autorité que les forces américaines dans la poursuite de l'ennemi pourraient s'aventurer trop près de la frontière cambodgienne. Il dit, "Sur votre carte, la frontière cambodgienne est localisée ici, dix kilomètres à l'est où elle apparaît dans la mienne. Afin d'exécuter mon plan, nous devons utiliser ma carte plutôt que la vôtre, parce que autrement nous ne pouvons par aller assez loin pour établir notre première force de blocage. Ainsi, Thieu ta Schwarzkopf"-thieu ta est le Vietnamien pour "commandant"-"qu'en pensez-vous?"

La pensée de permettre à l'ennemi de s'échapper dans un sanctuaire jusqu'à ce qu'il devienne suffisamment fort pour attaquer de nouveau me donne du mal à l'estomac comme à tout soldat. Quelques uns de ces garçons sont les mêmes que j'ai fait face quatre mois auparavant à Duc Co; je ne voulais pas avoir à combattre contre eux de nouveau quatre mois plus tard. Alors pourquoi devrais-je supposer que ma carte soit plus exacte que celle de Truong?

"Mon avis est que nous utilisons la frontière de votre carte.

Longtemps après qu'il a donné ses commandes d'attaque, Truong s'assoie fumant ses cigarettes et étudiant la carte. Nous révisons le plan à maintes reprises tard dans la nuit, visualisant chaque étape de la bataille. À l'aube nous envoyons le 3ème Bataillon. Ils prennent position et, comme prévu, à huit heures ils appellent et rapportent lourd contact. Comme Truong a prédit, dans la forêt au-dessous de nous l'ennemi s'est heurté contre le 3ème Bataillon à la frontière et décide, "Nous ne pouvons sortir par ce chemin. Rebroussons chemin." Cette décision viole le principe fondamental de fuite et d'évasion, qui est de prendre la pire route possible afin de minimiser le risque de rencontrer un ennemi en attente. S'ils avaient grimpé les Montagnes Chu Prong pour sortir de la vallée, ils auraient pu s'échapper. Au lieu de cela, ils ont suivi le bas terrain, comme Truong a anticipé, et maintenant nous les avons coincés. Il me regarde et dit, "Tirer votre artillerie." Nous bombardons la région au-dessous de nous pour une demi-heure. Puis il ordonne à ses deux bataillons restants d'attaquer vers le bas de la colline; il y a beaucoup de tirs comme nous les suivons vers le bas.

Vers une heure, Truong annonce, "Bien. Arrêtons." Il choisit une petite éclaircie bien charmante, et nous essayons avec son état major et prenons le déjeuner! A mi-course du repas, il dépose son bol de riz et donne l'ordre dans la radio. "Qu'est-ce que êtes en train de faire?" Je demande. Il donne ordre à ses hommes de fouiller le champ de bataille pour les armes: "Nous avons tué beaucoup d'ennemis, et ceux que nous n'avons pas tué ont jeté leurs armes et ont couru la queue entre les pattes."

Et dire, il n'a rien vu! Toute l'action a été cachée par la forêt. Mais nous demeurons dans l'éclaircie pour le reste du jour, et ses troupes rapportent en plein bras des armes et les entassent en face de nous. J'étais tout exalté-nous avons remporté une victoire décisive! Mais Truong s'assoie tout simplement, fumant ses cigarettes.

Conclusion

En résumé, les Viet Cong ont utilisé la tactique de diversion pour faire semblant d’attaquer le camp Pleime afin de conquérir Pleiku. Ils n’ont pas figuré que l’ARVN aurait pu démanteler ce plan en vaiqurant leur 32è Régiment autour du camp Pleime et leur 33è Régiment à l’endroit d’embuscade avec l’appui de la force aérienne américaine et de l’artillerie de l’US 1st Air Cavalry. Les Viet Cong ont allumé la dynamite de la Campagne de Pleime le 19 octobre 1965; celle-ci a été diffusée le 25 octobre, lorsque la colonne de secours ARVN entre dans le camp Pleime. Les troupes VC se retirent aux endroits de leur sanctuaire situés dans la région de Chu Prong. La campagne de Pleime VC s’achève à ce point ci.

Ce n’est que deux semaines après, le 11 novembre 1965 que les Viet Cong ont été pris par surprise lorsque les troupes américaines découvrent leur endroit de cachette et ont été attaqués pendant que le commandant de bataillon de ces unités sous attaques n’était pas présent avec son unité. Il est évident que les troupes américaines n’ont pas été attirées à Chu Prong à cause de la ruse des Viet Cong. La bataille dans la Vallée d’Ia Drang termine le 17 novembre 1965.

A cette phase, il apparaît que les troupes américaines sont à bout de souffle et n’ont plus envie de poursuivre l’ennemi essayant de franchir la frontière cambodgienne. Ils préfèrent laisser à la Brigade de Parachutistes ARVN remplir cette tâche. Le 334è Bataillon du 32è Régiment ANV ont été coincés par les parachutistes vietnamiens dans les régions de Duc Co-Plei Che pendant dix jours.

Telle est la vérité historique de la Bataille de Pleime que les Viet Cong appellent la Campagne de Play Me et que les Américains appellent les Pleiku/Ia Drang Campaigns.


Références
LZ-X Ray
US 1st Air Cavalry Division's Website
Cục Tác Chiến BQP, Chiến Dịch Plây Me (Version française)
Gen. Vĩnh Lộc, Why Pleime, 1966
H. A. Mulligan, No Place to Die; The Agony of Vietnam, 1967
J. D. Coleman, Pleiku, 1989
S. L. Stanton, The Rise and Fall of an American Army, 1989
Gen. Norman Schwarzkopf, It Doesn't Take A Hero, 1992
Gen. H. G. Moore and J. L. Galloway, We Were Soldiers Once…and Young, 1994
John M. Carland, Stemming the Tide, 2000
Nguyễn Ðức Phương, Chiến Tranh Việt Nam Toàn Tập, 2000

Nguyen Van Tin
Le 04 mars 2006

Nota Bene:
La plus compréhensive vue sur la Bataille de Pleime, offerte dans le livre Why Pleime publié en 1966, consiste en trois phases: 1, Opération Dân Thắng 21; 2, Opération Long Reach; et 3, Opération Thần Phong 7.
En Vietnamien: 1, Hành Quân Dân Thắng 21; 2, Hành Quân Long Reach; et 3, Hành Quân Thần Phong 7.

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