(Le lecteur est averti que cet article est pris d'une presse de propagande Viet Cong. NVT)

De la "La Dernière Tranchée de Défense" à l'Effondrement

Le Général Van Thanh Cao, conseiller et ancien directeur adjoint du Comité de la Réforme de la Guerre Psychologique et Politique, s'est présenté aux autorités révolutionnaires à minuit du 3 mai 1975. Après avoir écouté notre attitude de clémence envers les officiers mercenaires qui se présentent volontairement, comme il a fait, il a été tout à fait rassuré. Il dit qu'il est bien conscient de la situation. A son avis les choses étaient "désespérées pour nous aussi bien que pour les Américains!". Il commence son histoire en racontant les derniers moments de ses trente ans en tant que soldat mercenaire:

Trois jours après la tombée de Ban Me Thuot, Thieu se hâte de convoquer une réunion de cabinet avec le Général Cao Van Vien, Chef de l'Etat Major Général. Le Général Phu, qui commande le 2ème Corps dans les Hauts-Plateaux, dit qu'il est impossible pour lui de défendre Kontum et Pleiku. Le cabinet décide à abandonner les deux villes et de commencer une "tactique de repli" vers la région côtière.

L'armée fantoche à Kontum et Pleiku a été déjà démoralisée par la chute de Buon Me Thuot. L'ordre de repli sème la panique parmi eux et l'opération "tactique" a été conduite dans un désordre total. Tout le monde essaie de quitter aussi vite que possible, et le résultat est une bousculade vers l'est dans la plus grande panique. Interceptées par les unités de nordvietnamiens, les troupes en fuite sont tôt dispersées et les unités brisées. La pluplart d'entre eux sont fait prisonniers. Un petit nombre s'enfuit dans les forêts et beaucoup meurt d'épuisement. Les survivants arrivent à Khanh Hoa et Tuy Hoa une semaine après. Les nouvelles de l'exodus terrifiant se répand rapidement à travers les provinces côtières. Quand les autorités militaire et civile locales réalisent que Washington et Saïgon sont incapable de résister l'offensive générale des forces de Libération, ils sont saisis par la panique.

Quand la ligne de défense Thua Thien-Hue s'effondre, Thieu téléphone à Ngo Quang Truong, commandant du 1er Corps, lui ordonnant de se retirer à Da Nang et y établir une nouvelle ligne de défense à la Passe de Hai Van. Truong répond que ceci est impossible, mais Thieu insiste que son ordre soit obéi.

A la réunion hebdomadaire de l'état major le matin du lundi, le Général Dong Van Khuyen rapporte qu'après l'arrivée des évacués de Hue et Quang Tri à Da Nang, la cité de port est en chaos. Les pirateries et les meurtres sévissent. Au terrain d'aviation, les marines tirent sur les pilotes pour obtenir une place sur les avions. Au port, les autorités militaire et civile et leurs familles se disputent au sujet de la priorité d'évacuation. Un nouveau coup de téléphone de Thieu ordonne à Truong de tenir à tout prix. Truong répond que l'Armée du Nord est déjà aux abords de Da Nang et que 70 pourcent de ses troupes ont déserté. Thieu concède: "Vous avez plein pouvoir pour agir, vous êtes mieux placé que moi pour juger de la situation!" Le jour suivant, Ngo Quang Truong abandonne ses hommes, et s'embarque sur un hélicoptère qui l'amène à un bateau de guerre en voie vers Cam Ranh. De la base navale il s'envole à Saïgon où il demande d'être immédiatement hospitalisé, sans être le moindre malade.

Après que la garnison de Da Nang soit tombée, c'est le tour des troupes à Quang Nam, Quang Tin, Quang Ngai, Qui Nhon, Phu Yen, Khanh Hoa à se replier en hâte. A une réunion, le Général Dong Van Khuyen annonce que d'après l'ordre de Thieu, une résistance devrait être faite à tout prix à Ninh Thuan. Tous les efforts sont nécessaires, et les renforcements arrivent: une brigade de parachutiste, une unité de rangers, et l'artillerie et les véhicules blindés. Les navires de guerre ont reçus l'ordre d'être disponibles, prêts à fournir un rideau de tirs. Les opérations terrestres doivent être couvertes principalement par l'Armée de l'Air. Le Général Nguyen Vinh Nghi, ancien commandant du 4ème Corps, est envoyé au secours du commandant du 3ème Corps Nguyen Van Toan. Nghi détient directement la commande du front.

A la réunion d'état major le jour suivant, Dong Van Khuyen rapporte que le Général Lam Quang Tho, directeur du College Militaire de Dalat, et ses 800 cadets ont pris la fuite sans avoir reçu aucun ordre, et voyagent par voie terrestre à Ninh Thuan.

Sous les ordres de Thieu, Nguyen Vinh Nghi établit un avant-poste de commande à Ninh Thuan. Quatre jours plus tard, il téléphone pour demander à Khuyen (alors présidant une réunion d'état major) d'envoyer six hélicoptères géants Chinook pour l'évacuer et sa compagnie d'escorte de parachutistes. L'emplacement d'embarquement serait communiqué le jour suivant - qui serait quelque part entre Binh Thuan et Ninh Thuan. Mais le jour suivant, Khuyen annonce à la réunion d'état major que le contatc avec Nghi a été perdu, (Nghi et les autres officiers de l'avant-poste de commande du 3ème Corps ont été capturés par nos troupes).

Deux jours après la tombée de Ninh Thuan, Binh Thuan est sous le pilonnage continuel de notre artillerie. Le Colonel chef de province et ses principaux collaborateurs s'enfuient par voie maritime la même nuit. La capitale provinciale de Phan Thiet est libérée.

La commande du 3ème Corps envoie des renforcements pour défendre Binh Tuy "à tout prix." Pendant ce temps, les forces de libération poursuivent les troupes en fuite de Saïgon le long de la Route Nationale 1, et ont pris les points de soutien numéros 15, 14, 13, 12, 11 et 10... et commencent leur attaque sur le terrain d'aviation de Binh Tuy, près de la ville. Ham Tan et la ville de Binh Tuy sont alors pilonnées par notre artillerie. La pression sur la ville augmente toutes les heures. L'ennemi est complètement démoralisé à la vue de nos chars. Les forces régionales se sont désintégrées. Le Général Nguyen Van Toan arrive pour une inspection sur place, et ordonne un repli immédiat.

Après les bombardements lourds, la ville de Binh Tuy est encerclée le 26 avril. Les troupes régionales ont déserté. La brigade restant de parachutistes essaient de résister, mais en face de l'assaut farouche de nos unités, ils sont forcés de se replier à deux kilomètres de la ville, et sont bientôt dispersés par notre bombardement.

Le 27 avril, Long Thanh (Bien Hoa), tombe. Cette nuit-là, la base d'aviation est pilonnée par notre artillerie. Le jour suivant c'est e tour de Vung Tau de tomber. En face de cette situation, le Général Cao Van Vien demande d'être relevé de ses devoirs: le 28 avril, il fait nommé Dong Van Khuyen Chef d'Etat Major Général. Le jour suivant il quitte le pays avec un bon nombre de généraux fantoches.

L'histoire de Van Thanh Cao termine à ce point. Le QG de l'Etat Major a été déserté, et il ne sait pas ce qui advient dans la suite. Il estime que la région de Saïgon-Gia Dinh a été défendue par six divisions comprenant l'infanterie, les unités blindées, les parachutistes, les marines et les rangers. Pendant la nuit du 28-29 avril 1975, les forces de Libération lancent un final assaut sur Saïgon.

Vietnam Courier #53 (Octobre 1976)
Courtoisie d'Adam Sadowski