(Le lecteur est averti que cet article est pris d'une presse de propagande Viet Cong. NVT)

Le Retrait des Hauts-Plateaux du Centre

Tran Van Cam, 45 ans, est originaire du village Quang Luong, district Thieu Phong, province Quang Tri. Il sert dans l'armée fantoche sous le régime français de 1950 à 1955 et quand les colonialistes français quittent il continue sa carrière militaire jusqu'à ce qu'il a été fait prisonnier par l'Armée de Libération le 1 avril 1975, suivant une fuite haletante de Pleiku à travers Hau Bon à Tuy Hoa. Il était alors Général de Brigade, adjoint au Général de Division Pham Van Phu, Commandant du 2ème Corps. Les jours quand ses forces étaient sous l'attaque ont été racontés dans ses propres mots comme suit:

"Un briefing d'urgence a été convoqué à 11h30 du 9 mars 1975, par le Général de Division Pham Van Phu. Je suis présent, avec le Général de Brigade Le Trung Tuong, Commandant de la 23ème Division, Colonel Vu The Quang, son adjoint, Colonel Pham Duy Tat, Commandant des Rangers du 2ème Corps, le Général de Brigade Pham Ngoc Sang, Commandant de la 6ème Division de l'Armée de l'Air, et les colonels commandant les diverses secteurs militaires dans Buon Me Thuot et Pleiku. Phu rapporte les renseignements concernang une attaque imminente par l'Armée de Libération sur les Hauts-Plateaux du Centre. Nous discutons les objectifs possibles à longueur. En ce moment nous avons appris l'existence de trois divisions de la Libération dans la région, l'une d'elles - la Seconde Division - est plantée directement à l'opposé de nous, à Pleiku. Une autre - la Troisième Division - a été rapportée en train de se déplacer vers Buon Me Thuot, ce qui nous met en alerte, parce nous savons que nous devons faire face à un adversaire redoutable.

"En outre, des rapports non confirmés font mention de l'envoie d'une autre division de la Libération, la 10ème, aux Hauts-plateaux du Centre.

"Je suggère que Buon Me Thuot soit renforcée, et suis secondé par le Général de Brigade Tuong, qui propose d'envoyer le principal régiment de la 23ème Division - le 45ème. Mais la motion a été rejetée par Phu, un grand croyant des tactiques de parachutistes. Il dit que, aussitôt que nous sommes attaqués, les renforcements seraient amenés par air, et en même temps, nos réserves seraient maintenues à Pleiku. Comme nous nous attendons également qu'une petite force de la Libération à Buon Me Thuot, après avoir tenu compte des autres considérations, nous nous sommes ralliés au point de vue de Phu que Pleiku demeure l'objectif numéro un.

"Aussi nous sommes stupéfiés par l'attaque violent à Buon Me Thuot à 3h du matin le jour suivant, le 10 mars. Les rapports venant du Colonel Quang au quartier général disent que la situation est en train de détériorer toutes les minutes, que les barrages d'artillerie de la Libération sont très précis, que les chars de l'Armée de Libération avancent rapidement et ont déjà écrasé le 53ème Régiment de la 23ème Division, le 21ème Groupe de Rangers renforcé, sept bataillons territoriaux, et un régiment blindé entier. En outre, toutes les approches à Buon Me Thuot ont été interdites. Le même jour le 7ème Groupe de Rangers est envoyé de Saïgon comme renforcements, mais a été détourné immédiatement à Pleiku par Phu, qui a très peu de confiance dans la performance des Rangers et envoie le 45ème Régiment à Pleiku à sa place. Nous nous attendons qu'il arrive le même jour, comptant beaucoup sur les hélicoptères. Le transport, cependant, a pris quatre jours entiers à cause des tirs intensifs du sol.

"La chute de Buon Me Thuot a grandement affecté notre moral. La plupart des soldats de la 23ème Division y ont leurs maisons, et nous sommes inondés de demandes de congé du 44ème Régiment à Pleiku. Il y a d'innombrables de déserteurs, la majorité des troupes territoriales, mais même les officicers d'état major. Mais ce qui nous font le plus peur, cependant, est l'absence de soutien résultant de la désintégration rapide des forces territoriales.

"Nous avons perdu Buon Me Thuot à cause du secret complet de vos déplacements, qui nous a incité à faire des erreurs ce qui fait que nous somme incapables de réagir. Aussitôt que vos chars utilisent une tactique entièrement différente, nous découvrons qu'il est impossible de changer le cours des choses.

"Phu va à Cam Ranh le matin du 13 mars pour une conférence avec Messieurs Thieu, Khiem et Vien. De retour à Pleiku il nous fait appeler. Il commence le briefing en déclarant, avec solennité, "J'ai obtenu l'accord de Monsieur Thieu de promouvoir Colonel Pham Duy Tat, Commandant des Forces de Rangers dans le 2ème Corps, au rang de général de brigade. Voici son étoile." Puis il dit: "Monsieur Thieu a également ordonné l'évacuation de Kontum et Pleiku." Ça été le comble, et la confusion peut être lue sur tous les visages. Nous nous sommes demandés ce qui les a incité à prendre une décision si folle, et nous sommes très douteux, tout en tenant compte du secret militaire, envers la sagesse de choisir la longue route abandonnée Pleiku-Phu Bon. Phu insiste que le retrait soit achevé en trois jours à partir du jour suivant. Lui et la commande du corps s'envoleraient pour établir un avant poste de commande à Nha Trang pour deviser un plan de retour à Buon Me Thuot. Le reste serait placé sous ma commande et démarerait le jour J par la route. La première colonne inclue trois groupes de Rangers, un régiment blindé, et un groupe de génie. Sa mission est de protéger Phu Bon et construire une route de Phu Tuc à Tuy Hoa. La seconde colonne est composée du reste de la commande de corps, trois bataillons d'artillerie, le 21ème Régiment Blindé entièrement équippé de chars M-48, deux compagnies motorisées, et l'infanterie. La troisième colonne consiste dans trois groupes de Rangers, un régiment blindé, et l'artillerie de soutien. L'Armée de l'Air a son propre plan.

"Le jour J est fixé pour le 16 mars, et la portion de pont arrive sauve à Phu Tuc. A 17h30 le jour suivant, cependant, nos forces incluyant de milliers de véhicules soudainement se trouvent sous l'attaque au sud est de Phu Bon, et nos chars sont repoussés. Au matin du 18 mars, l'enclave de la Libération près de Phu Bon a été renforcée davantage et ne peut être enlevée malgré la tentative conjointe du groupe de Rangers et d'un régiment blindé commandés directement par le Général de Brigade Tat et Colonel Dong. Pour augmenter notre confusion à 17 heures, Phu téléphone de Nha Trang : "Nous sommes bien foutus," dit-il, "Ne tardez pas, sinon vous serez balayés. Courez si vous pouvez. Ou détruisez vos véhicules pour faciliter la fuite."Il m'ordonne d'amener mon état major à Tuy Hoa et de placer les troupes et véhicules sous la commande du Général de Brigade Tat. A 18 heures un avion est envoyé par Phu pour m'amener avec 14 autres officiers. Pendant tout le voyage, nous sommes continuellement harassés par des tirs violent du sol. Le matin suivant je vole de retour à Phu Bon en une mission d'observation. Les coups de feu ont cessé, mais de haut nous pouvons voir une scène tragique. Tous les véhicules, camions, jeeps, chars et véhicules blindés sont cloués au sol; beaucoup en flammes. Il est très difficile de maintenir la communication avec les forces d'en-bas, et la seule chose que nous sommes certains est que Colonel Dong, le Commandant de l'Armure, a abandonné son char et s'est perdu dans la jungle. Ça été la fin tragique de notre évacuation. Le 2ème Corps entier et toutes les forces de la Région du 2ème Corps sont enterrés là.

"Le dernier coup de gifle à notre moral vient quand nous apprenons la chute de plusieurs provinces dans le 1er Corps à la région côtière. Notre volonté de résistance est complètement écrasée. Nous sommes stupéfiés par la grande mobilité des Forces de la Libération. Leur armure se déplace plus rapidement que la nôtre. Même leur infanterie peut nous surprendre en prenant les raccourcis à travers la jungle..."

Vietnam Courier #39 (Août 1975)
Courtoisie d'Adam Sadowski