Deux Généraux Combattants
Les Généraux Do Cao Tri et Nguyen Viet Thanh

Les grands généraux conduisent les grandes armées, ou c'est ce qui apparaît à travers l'histoire. Au Vietnam ni l'ARVN oisillon ni son leadership souvent corrompu et hautement politicisé semblent être destinés à la grandeur. Pourtant pour réussir à construire une armée capable d'opposer les Nordvietnamiens, l'ARVN a besoin de généraux capables d'inspirer les troupes lasses de la guerre, des leaders qui peuvent en quelque sorte étendre leurs propres personnalités pour aider à remplir les fossés laissées par le retrait des forces américaines.

Quand la MACV divulgue un "livret scolaire" des commandants de division vietnamiens au début 1970, plusieurs généraux de l'ARVN reçoivent des points faibles. Citant les conseillers supérieurs américains anomymes, le rapport ne mâche pas les mots dans ses descriptions. Quelques évaluations lisent, "lâche", "super défensif," "faible," "les généraux vietnamiens... détestent ses crans,", et "son attitude autoritaire fait peur à ses commandants." Paradoxalement, un général efficace et populaire avec des troupes loyales souvent est considéré comme étant une menace politique dans un pays qui a connu maints coups militaires. "C'est un pays qui ne permettra à personne de demeurer un héro très longtemps," un observateur américain à Saïgon explique. "Mais bien sûr qu'ils en ont besoin d'un."

Pour un temps, l'ARVN a eu son héro; en fait deux combattants en paire (comme opposés à la politique) généraux émergent de la meute des officiers médiocres pour prendre la commande du 3ème et du 4ème Corps peu après l'offensive de Tet 1968. Tous deux jeunes, confidants, et aggressifs, le Général de Corps Do Cao Tri et le Général de Division Nguyen Viet Thanh se sont montrés eux-mêmes des stratèges militaires capables et des leaders qui inspirent.

Dans la fouille d'après Tet des officiers de corps de l'ARVN- en partie de la campagne anticorruption, en partie des manoeuvres politiques par le Président Thieu pour enlever les officiers loyaux au Vice Président Nguyen Cao Ky- les Généraux Tri et Thanh reçoivent la commande des deux zones tactiques de corps les plus peuplés et les plus politiquement sensitives dans la région du sud. Ils font face à des problèmes énormes. Bien que évaluée la meilleure des trois divisions dans le 4ème Corps, la 7ème Division, de laquelle le Général Thanh a été promu, est incapable de s'en débarasser de la réputation d'être "une Division qui fouille et évite l'ennemi." Les autres division du 4ème Corps, la 9ème et la 21ème performent mieux.

Malgré le terne dossier de la 7ème, Thanh a été hautement loué par le Général William C. Westmoreland comme le meilleur commandant de division de l'ARVN. Westmoreland et les conseillers supérieurs américains ont de hauts espoirs pour lui, mais ils ont peur que le "parrainage" américain ouvert pourrait souiller Thanh aux yeux des dirigeants politique et militaire à Saïgon. Heureusement, le Président Thieu non seulement reconnaît le leadership dynamique de Thanh mais il apprécie également son manque d'ambition politique et ainsi soutient le général de plein coeur.

Thanh commande la loyauté de ses troupes, et pendant l'offensive de Tet la popularité de Tet a presque coûté sa vie. Dans un effort d'exploiter la dévotion de la 7ème Division envers son commandant général, les troupes Viet Cong font Thanh et sa famille prisonnier, espérant d'induire les troupes démoralisées à déserter. Mais leur complot échoue, et, curieusement, Thanh a été libéré indemne.

Le conseiller supérieur américain du Général Thanh auprès du 4ème Corps en 1968 et 1969, le Général de Division George S. Eckhardt, raconte un autre anecdote au sujet de la popularité de Thanh. En une occasion les deux généraux s'envolent à My Tho, l'ancien quartier général de division de Thanh, à la recherche d'un diner tranquille. Mais quand la nouvelle de leur arrivée se répand, les gens s'accumulent dans le restaurant pour rendre hommage à leur ancien commandant. Pendant une bonne quarante-cinq minustes, le Général Thanh fait la révérence et serre la main avec une longue suite d'admirateurs; la plupart des officiers supérieurs sudvietnamiens ne fraternisent jamais avec leurs soldats paysans ou avec la population rurale.

Dans la Zone Tactique du 3ème Corps au nord, le Général Do Cao Tri s'efforce pour mettre en forme les divisions en lambeaux de son corps, la 5ème, la 18ème et la 25ème. Un général américain méprise la 5ème Division comme "absolument la pire équipe que je n'aie jamais vue." Et la 25ème Division a eu la distinction ignoble d'être considérée par un conseiller "la pire division dans n'importe quelle armée de partout."

Le Général Tri a la personnalité d'accomplire le casi-impossible. Ayant survi trois attentats d'assassinat, une exile en mi-1960s à l'instigation de Nguyen Cao Ky, et un barrage d'accusations de corruption, Tri prospère dans l'adversité. Sans se laisser dissuader par le mécontement de Saïgon, Tri dépense des mois pour essayer de remplacer deux incompétents commandants de division, qui sont les favoris de Thieu. Il a réussi. Tri donne la promesse que ses trois divisions d'infanterie seront en forme de combat par la fin de 1970.

Les deux généraux et leurs divisions d'infanterie font face à leur plus grand défi avec l'incursion cambodgienne de mai 1970. Le Président Thieu confie au Général Tri la commande de l'opération de l'ARVN pour déloger l'ennemi hors de leurs bases dans le Bec de Perroquet et nomme le Général Thanh le leader de quatre forces de frappe infanterie-armur du 4ème Corps pour nettoyer vers le nord afin de joindre avec les troupes du Général Tri. Les unités d'infanterie sélectionnées pour les deux opérations sont soutirées en partie des Divisions améliorées de la 5ème, 25ème et 9ème.

Le premier jour de l'opération de ses troupes, Thanh s'envole au champ de bataille comme d'habitude, sachant que sa présence assure une avance disciplinée et rapide. Dix miles à l'intérieur du Cambodge, son hélicoptère entre en collision en plein air avec un Cobra américain. Aucun survivant échappe à la catastrophe. La mort de Thanh jette une voile sur l'opération. Comme si pour repayer sa dédication à eux, les troupes de Thanh performent avec une aggressivité inexpectée au Cambodge.

Comme les rapports du succès de l'ARVN atteignent Saïgon, la mort de Thanh est éclipsée par les exploits de Tri, qui catapulte à la stature de héro national. Travail assidu et planning méticuleux ont contribué grandement à son achèvement aussi bien que sa présence inspiratrice sur le champ de bataille. Tri accomplit des résultats efficaces avec son emploi des chars. Un tacticien chevronné qui n'est pas satisfait à moins qu'il dirige personnellement la bataille. Plus d'un commandant de char hésitant trouve le général à trois étoiles excité dans son vêtement de camouflage, avec une casque de baseball, et portant des lunettes contre soleil s'enfonçant à travers les tirs de mitrailleuse, criant à voix haute "Plus vite! Allez, plus vite." Aux hommes affamés de leadership, l'assurance que l'hélicoptère de Tri pourrait se déposer n'importe quand ils sont en difficulté ou coincés fait merveille à leur moral. "Tri est un tigre en combat, un George Patton du Sud Vietnam", écrit plus tard le Général Westmoreland en admiration.

Son style flamboyant de commande, cependant, irrite plusieurs de ses collègues généraux de l'ARVN. Ils citent les actions de Tri pendant la bataille pour la plantation de caoutchouc Chup au Cambodge - Tri a nonchalamment pris un bain dans la piscine de la plantation au milieu de la bataille féroce - comme preuve que Tri a plus de souci pour son propre héroïsme que pour un jugement militaire judicieux. Son train de vie extravagant et sa richesse grandissante alimentent les jalousies et soulèvent des soupçons à Saïgon. Appelé "flagrantement corrompu" par deux sénateurs sudvietnamiens, Tri est accusé d'être un partenaire d'un réseau de contrebande d'argent même comme Saïgon bourdonne encore avec les nouvelles de ses victoires au Cambodge.

Malgré la controverse au sujet de sa vie privée, la renommée de Tri en tant que le meilleur commandant sur le champ de bataille du Sud Vietnam continue à grandir après l'incursion cambodgienne. Sous sa direction, les troupes de l'ARVN performent bien à maintes reprises dans leurs raids expéditionnaires au Cambodge. Quand l'incursion de l'ARVN dans les bastions ennemies au Laos en 1971 commence à bredouiller, le Président Thieu tourne à Tri. L'appelant à Saïgon, Thieu l'ordonne d'assumer la commande de l'opération laotienne. Les nouvelles ordres en main, Tri monte dans son hélicoptère. Peu après avoir quitté Bien Hoa, son hélicoptère perd la poussée et s'écrase sur le sol, tuant Tri et les autres passagers.

"Quand les troupes de l'ARVN sont bien conduites elles combattent aussi bien que n'importe quel soldat," se rappelle le Général de Brigade George Wear. "Il ont simplement besoin de commandant qui les soutiendraient proprement et qui gagneraient leur confiance et les font croire que leur cause est digne de risquer leur vie." Les Généraux Tri et Thanh ont été deux tels commandants.

David Fulghum, Terrence Mailand
South Vietnam on Trial - The Vietnam Experience.
Boston Publishing Company

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