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Woodland Hills le 19 février 1999.

Cher Tin,

Je suis Dinh Van Chung, diplômé de la même 3ème promotion de l'Académie Militaire de Dalat que le Général Hieu. Ma dernière position en 1975 était Chef d'Etat Major Adjoint de la Guerre Politique au quartier général de l'Armée de l'Air avec le rang de Colonel.

À la sortie de l'Académie Militaire, j'ai été transféré au 20ème Bataillon d'Infanterie de l'ARVN, et un an après, je soumets ma candidature à l'Armée de l'Air et a été sélectionné à suivre les cours de formation de pilotes à Marrakech (Morocco) et Avord (France) - 1952.

En 1954, après la remise des diplômes, le pays était divisé en Nord-Sud par l'Accord de Genève. Je commence à servir dans l'Armée de l'Air et j'exécute les missions de soutien à l'Infanterie partout dans les quatre Zones Tactiques. Ce n'est qu'en 1966 que je suis transféré au quartier général de l'Armée de l'Air pour travailler à l'Etat Major. Cependant, dans mes temps libres, je continue à remplir les missions en volant avec les escadrons pour maintenir mon habileté de pilotage.

Parce que je servais dans différentes unités et forces armées, j'ai eu rarement l'occasion d'entrer en contact avec mes anciens camarades de promotion. De temps en temps, j'entends dire que celui-ci est mort et celui-là a été promu. La seule occasion de ma rencontre avec le Général Hieu a été quand il et son entourage d'officiers étaient en train d'attendre un avion à un aéroport aux Hauts Plateaux. Je m'approche pour le rencontrer, heureux de voir un ami que j'ai admiré et aimé. À cause de mon grade inférieur, je m'adresse à lui selon le protocole, "Mon Général", il m'arrête immédiatement et demande que nous nous tutoyions. Je n'ose pas apparaître aussi familier en face de son entourage d'officiers et continue à montrer de la déférence, ce qui le fait éclater de rires. Après quelques minutes de conversation, je m'excuse pour aller à l'avion pour m'en occuper des passagers afin que l'avion puisse décoller à temps. Il apparaît plus vieux qu'auparavant, bien qu'il soit jovial, mais les rides sur son visage n'ont pas pu cacher ses préoccupations et soucis concernant les affaires importantes à venir.

Le temps s'écoulait si vite. Je me rappelle encore comme si c'était hier, quand nous traversons la porte de l'Académie Militaire, nous avons l'air si fragile, notre peau n'est pas encore bronzée, ignorant, gauche, tout à fait "nouveau soldat".

Hieu et moi, nous sommes placés dans différentes Brigades et ainsi nous avons différentes activités. Quand une Brigade s'en va aux exercices de combat, l'autre Brigade reste à la maison pour étudier, pratiquer au terrain de tir ou faire la corvée. Ce n'est qu'à la nuit que nous nous rencontrons. Hieu est celui que j'admire le plus. Il est très studieux, n'importe quand je regarde par la fenêtre, je le vois à sa table étudiant et lisant. Il est toujours jovial et très plaisant. Quiconque le rencontre la première fois l'aimerait immédiatement. Il est très franc envers ses camarades et remplie ses responsabilités à la perfection. Il a l'air d'un professeur, les instructeurs vietnamiens et français le respectent et l'aiment. Quand il remplie le devoir d'un "Sergent de la semaine", avec les responsabilités de superviser la préparation de la nourriture dans la cuisine, de distribuer les lettres aux cadets, d'accompagner les instructeurs faisant des tours d'inspection des chambres, ou de résoudre une multitude de problèmes de toutes sortes, il les remplie tous avec la plus haute conscience. L'Académie Militaire a pu le transformer en un officier, digne de ce nom, physiquement et mentalement. Deux mois avant la date de remise des diplômes, la situation militaire aux champs de bataille est devenue bien chaude, rendant les cadets soucieux. Où serais-je envoyé, à ma sortie? Mais alors ce qui doit arriver arrive. À la remise des diplômes, il est classé premier de sa promotion, il le mérite bien, premier parmi les 145 cadets.

Je ne puis jamais oublier ce jour-là quand tous les cadets sont vêtus en uniforme blanche, échangeant les épaulettes "alpha" avec celles de Sous-Lieutenant et s'agenouillant devant l'autel de la patrie pour professer l'allégeance.

Dans le cas de Hieu, en tant que premier classé, il représente sa promotion pour tirer quatre flèches dans quatre différentes directions, symbolisant l'esprit libéré de la jeunesse qui nous engagera dans les quatre avenues de la vie, puis soulève haut son épée pour professer notre dévotion. Sur l'autel de la patrie sont inscrits les mots suivants: "Patrie - Honneur - Responsabilité", c'est la devise que tout officier de l'Académie Militaire doit suivre fidèlement.

Le jour suivant, avec un mélange d'émotions, les nouveaux officiers se disent au revoir, chacun allant vers une différente direction, emportant avec lui ce qu'il a appris à l'Académie avec sa propre initiative pour servir le pays.

L'Armée de la République du Vietnam a eu plusieurs officiers compétents, mais avait besoin davantage de Généraux du calibre de Hieu. Il a servi et s'est sacrifié pour le pays, avec Honneur et Responsabilité comme il avait professé au jour de la remise des diplômes.

Affectueusement,

Dinh Van Chung

P.S. (02/23/1999)

Quelques jours auparavant, je t'ai envoyé un court article sur le Général Hieu. Dans cet article j'aurais pu me tromper en disant que Hieu a été premier de la 3ème promotion. Voudrais-tu bien vérifier et s'il y a eu une erreur de me pardonner, ça fait plus de 50 ans déjà. La personne que j'aurais pu me tromper était Bui Dzinh dont les points étaient très proches de ceux de Hieu. Encore une fois, pardonnes-moi s'il y a eu une erreur. Chung.

generalhieu