Le Général Hieu Rencontre le Général Minh
Après le repli des troupes hors de Snoul (6/1971)
Au QG du District Militaire de la Capitalee de Saigon

Début juin 1971, alors que la nouvelle du repli des troupes de la cité Snoul à l'intérieure du territoire cambodgien, est encore chaude dans les journaux de la Capitale de Saigon, avec le souci de lourdes pertes souffertes par nos troupes, une rencontre non officielle est arrangée au QG du District Militaire de la Capitale de Saigon, entre le Général de Division Nguyen Van Hieu, Commandant de la 5è Division, et le Général de Corps d'Armée Nguyen Van Minh, Commandant du 3è Corps d'Armée/3è Région Militaire.

C'était, je me souviens encore, dans l'après-midi après les heures de travail; la lumière du soleil a complètement disparu derrière le sommet des arbres entourant le camp militaire Le Van Duyet dans Saigon.

Je me tiens près de l'hélistation localisée dans le court du mât du QG du District Militaire de la Capitale de Saigon, attendant la venue du Général de Division Hieu pendant bien longtemps. Son hélicoptère est une demi-heure en retard parce qu'au dernier moment, le Général Commandant de Division continue encore sa visite des unités en retrait qui ont tout juste atteint la région frontalière cambodgienne-vietnamienne.

Plus tôt dans l'après-midi, j'ai accompagné le Général Minh sur son hélicoptère en retour du QG de l'Avant-poste du 3è Corps Général, établi à Trang Lon, dans la Province de Tay Ninh, pour rencontrer le Général Cao Van Vien, Chef d'Etat Major Général. Après que mon Patron renvoie son hélicoptère et son équipage à Bien Hoa, je fais les arrangements pour que je puisse l'accompagner en retour au District Militaire de la Capitale de Saigon par voiture tout juste après la rencontre.

Au QG de l'Etat Major Général, comme dans réunions précédentes qui ont eu lieu ici, tandis que les deux patrons conversent dans le bureau, dehors, moi et le Commandant Tan (l'attaché du Général Vien) échangeons les nouvelles générales de la 3è Région Militaire ensemble avec les événements des autres régions militaires.

En général, la situation militaire en ce moment devient critique à la plupart des fronts de bataille, parce que les quantités de troupes, chars, artillerie, armements et munitions communistes nord-vietnamiens sont en train de déferler dans le Sud Vietnam de deux canaux: à travers le 17è parallèle et le long du piste Ho Chi Minh. Par conséquent, plusieurs batailles atteignent le niveau de régiment à plusieurs locations pendant cette période.

Après une courte consultation d'une demi-heure avec le Général Vien, sur le chemin de retour au QG du District Militaire du Capitale de Saigon, le Général Minh demeure silencieux et pensif, contraire à son habitude. Mon patron a l'habitude de rappeler au chauffeur d'être prudent de ne pas conduire trop vite ou de couper la route à d'autres voitures sur la route, de restreindre de klaxonner et de défendre ses gardes de corps en costumes civils de virer gauches et droites leur motocyclettes Honda … etc …

Parce que le Général Minh a été récemment nommé à sa nouvelle fonction en remplacement du Général Tri, il est évident qu'il n'a pas encore eu l'occasion de répéter ces accomplissements militaires qu'il avait faits dans son précédent poste. Lorsqu'il était Commandant de la 21è Division d'Infanterie, des victoire militaires bien connues dans U Minh du 4è Corps d'Armée, district de Chuong Thien dans la région du Delta, ont été largement publiées dans la presse pendant cette période.

Par ailleurs, il a dû agir justement afin de ne pas révéler le désaccord parmi le leadership du 3è Corps d'Armée. Le nouvel ordre oral de la haute hiérarchie militaire donné au nouveau Commandant du 3è Corps d'Armée est "de retirer temporairement les troupes à travers la frontière et de regrouper les forces défensives afin de défendre le territoire interne", ce qui est en contradiction avec la "position catégorique de continuer à presser sur les opérations de cherche et détruire à l'intérieur du territoire cambodgien, comme effectuées précédemment par l'actuel Commandant de la 5è Division d'Infanterie, le Général de Division Nguyen Van Hieu. Ce plan de cherche et détruire a été adopté par le Général Do Cao Tri, l'ancien Commandant du 3è Corps d'Armée, visant à attaque le Poste de Commande du Front Central de Libération, connu comme l'arrière important dans le Sud Vietnam des communistes nord-vietnamiens.

La contradiction entre le nouveau ordre nouveau et l'ancien plan est qu'ils sont deux méthodes tactiques du manœuvre de troupes opposées: (1) le mode défensif passif applique au repli de troupes et (2) le mode offensif proactif à un plan.

Initialement, l'opération transfrontalière était une opération conjointe entre les forces du 3è et du 4è Corps d'Armée et a été lancée uniquement comme une opération militaire avec l'accord des deux leaderships du Cambodge et du Sud Vietnam. Cependant, un an après l'opération, celle ci prend une importante connotation politique, spécialement aux Etats Unis à l'époque.

L'opinion publique, à l'intérieur et à l'extérieur du pays, accuse les Etats Unis d'élargir la guerre, d'engager des troupes pour envahir le Cambodge. En face des fortes protestations du Parti opposé dans le congrès, combinées avec la pression provenant des manifestations parmi le publique et les groupes pacifistes dans presque tous les états, le gouvernement du Président Nixon a les mains liées et révoque toutes les mesures nécessaires prises visant à donner soutien à la guerre qui défende l'avant poste de liberté qu'est le Sud Vietnam.

Le paysage dans l'enceinte du camp Le Van Duyet, après l'heure de travail est devenu tranquille. Les soldats en séance de nuit sont allés manger afin de retourner à leur bureau à temps pour relever ceux de la séance de jour, leur permettant de jouir le reste de la journée avec leur famille.

Depuis le temps qu'il entre dans son bureau, à part de donner l'ordre de préparer de recevoir le Général Hieu qui est sur son chemin de venir le rencontrer, le Général Minh ne reçoit personne d'autre dans le QG. Habituellement, il invite quelques officiers de l'état major présent à leur bureau de venir à son bureau pour bavarder avant la fin de la journée de travail.

L'hélicoptère arborant le logo de la 5è Division d'Infanterie, suivant les coordonnées de l'hélistation que j'ai procurées, se dépose directement au court du mât du QG du District Militaire du Capitale de Saigon, tout en face du bureau du Général Commandant (au lieu d'être obligé de se déposer à l'hélistation du Centre d'Aide Militaire Internationale, sur la rue Tran Quoc Toan, à côté de l'Institut d'Administration Nationale à l'époque).

Je suis à côté de l'hélicoptère alors que le moteur est encore en marche, je salue le Général Hieu , l'accompagne et lui montre le chemin à l'escalier montant au corridor qui relient les bureaux.

Lorsqu'il sort de l'hélicoptère, le Général Commandant ne porte pas son chapeau et son bâton de commandement. Je remarque qu'il a l'air fatigué, après une longue journée d'inspection sur le champ de bataille. Quand il atteint le palier au bout de l'escalier, le Général Hieu tourne vers moi et dit:

- "Veuillez m'indiquer la salle de toilette."

Je le guide autour du coin du corridor, lui ouvre la porte, et me tiens pas trop loin au dehors pour l'attendre. C'était la salle de toilette privée du Général Commandant. Après les heures de travail, la porte est fermée et soigneusement verrouillée. Sa location était près du poste de la sentinelle.

Ce fut presque 38 ans (comptant de juin 1971), après cette rencontre, je me souviens encore clairement le regard du Général Hieu; l'émanation qui sort de ses yeux est clair comme le cristal et directe, pleine de gentillesse et de magnanimité; elle me touche et laisse une impression indélébile jusqu'aujourd’hui.

Pour assurer l'intimité et la tranquillité de la réunion, je dis à la police militaire de descendre et prendre garde au pied de l'escalier. Sous la lumière faible d'une lampe de 60 watt, au moment le Général Hieu sort de la salle de toilette, je vois le Général Minh se tenir déjà pas loin au dehors et soulève sa main au salut. Après une poignée de main formelle, les deux hommes marchent vers le bureau; j'ouvre la porte et les laisse entrer. Je retourne à mon bureau, tout à côté du bureau de Général Commandant. Pas avant une demi-heure, en comptant depuis le moment où un soldat nommé Thanh apporte plateau de deux tasses de thé pour que le Patron puisse entretenir son invité, que la sonnette me fait appeler.

Je saisis mon carnet et me hâte d'entrer dans le bureau de mon Patron tandis qu'une conversation est en train de se dérouler. Comme dans les réunions précédentes, la voix des deux Généraux Commandants est relativement douce, comme visant d'être entendue seulement par eux deux. Je me tiens prêt à recevoir l'ordre jusqu'à ce que le Général Hieu finisse sa phrase.

Sans perdre une seconde, mon Patron m'ordonne:

- "Dites au chauffeur d'amener ma voiture pour que le Général Hieu puisse rendre chez lui."

Ce dernier secoue sa main et dit:

- "Ce n'est pas nécessaire. Laissez-moi retourner au Poste de Commande."

Ensuite, il s'élève et mon Patron se hâte de faire le même.

Encore une fois, j'ouvre la porte et attend que les deux hommes sortent du bureau.

Le Général Minh salue le Général Hieu au sommet de l'escalier. Je remarque que lorsqu'il y a qu'eux deux, mon Patron a l'habitude d'être le premier à saluer, bien qu'il soit plus haut placé en grade, comme signe de déférence envers un aîné dans l'armée. Le Général Hieu est diplômé de la 3è Promotion de l'Ecole Militaire Nationale de Dalat, alors que le Général Minh en est sorti de la 4è Promotion. De même, lorsqu'il n'y a pas d'autres officiers présents, les deux Généraux s'adressent l'un l'autre en 'mon frère', au lieu d’en grade. Quant à moi, je mets mon chapeau sur ma tête, bien qu'il soit déjà nuit. J'accompagne le Général Hieu à la descente de l'escalier et à l'hélicoptère en attente avec l'hélice déjà tournant.

L'hélicoptère UH-1 de commandement transportant le Général Hieu grimpe directement au-dessus du sommet des arbres, puis s'envole dans la nuit en direction Nord de la Capitale de Saigon. Je suis sûr que le Lieutenant Lien, l'attaché du Général Hieu, était dans l'hélicoptère. Il apparaissait à côté du Général Commandant comme son ombre pendant toutes ces années passées.

J'ai eu l'honneur d'approcher face à face avec le Général Hieu cette nuit-là. Ce fut la dernière fois. Ce n'est que quatre ans après, en avril 1975 que j'étais stupéfié en apprenant la triste nouvelle de la mort accidentelle (?) du Général Hieu qui a eu lieu juste dans son bureau au QG du 3è Corps d'Armée, dans le camp Hung Vuong à Bien Hoa.

Quant au Général Minh, après cette rencontre au QG du District Militaire de la Capitale de Saigon, je ne sais pas s'il a eu d'autres conversations avec le Général Hieu ou non.

Néanmoins, je sais certainement que dans cette rencontre face à face, les deux Généraux Commandants maintiennent leur civilité habituelle; ils apparaissent modérés et calmes tout en parlant. Même moi, qui est témoin de ce moment, ne peut croire qu'une telle rencontre pouvait dérouler d'une façon si banale. Cet air 'ordinaire' ne peut exister qu'entre deux personnes d'égale capacité intellectuelle. Tous deux sont semblables en personnalité, spiritualité et moralité; tous deux démontrent respect envers l'un l'autre.

Même en ce moment là, on peut fermement stipuler que l'image que j'ai en témoignant directement la rencontre entre le Général Hieu et le Général Minh était totalement opposée au fait qui venait tout juste arriver quelques jours auparavant concernant le repli des troupes hors de Snoul pour retourner à notre côté de la frontière. Si l'on se base uniquement sur la version des journaux, l'image qu'on a apparaîtra ne pas être simple. Parce qu'elle était considérée comme un point chaud, qui amènera à des arguments échauffés, à cause de la divergence dans les perceptions et opinions des parties impliquées.

Pendant tout ce temps (et même jusqu'en ces jours), tous les deux Généraux Commandants de l'Opération Toan Thang en 70-71, soit commandant directement le champ de bataille comme le Général Hieu ou soutenant indirectement l'opération comme le Général Minh, semblent avoir atteint un accord sous-entendu de ne plus exprimer davantage opinions concernant le repli de troupes hors de Snoul. (Même les proches de leur famille ne sont pas fournis avec aucune ou davantage information sur ce sujet). Entre-temps, l'Etat Major de la 5è Division d'Infanterie et du 3è Corps d'Armée sont instruits d'établir les dossiers de récompenses pour les combattants des forces vietnamiennes et américaines impliqués dans la bataille à être soumis à l'Etat Major Général. Ils sont également ordonnés d'intervenir auprès du Ministère des Anciens Combattants pour obtenir des versements financiers pour les familles des combattants décédés, aussi bien que l'aide rapide fournie aux combattants blessés et à leur famille afin d'alléger leurs souffrances et pertes causées par la guerre comme s'était passé dans le repli de troupes de Snoul.

* * *

- Le temps séparant la bataille de Snoul et la mort accidentelle (?) du Général Hieu dans son bureau d'Adjoint Commandant du 3è Corps d'Armée est tout juste quatre ans.

- Quant au Général Minh, comme tout autre réfugié vietnamien après avril 1975, il a choisi de vivre une vie simple, en silence et privée parmi ses proches. Après plus de trois décennies d'une vie d'expatrié, le Général Minh s'en va tranquillement d'un âge avancé. En rédigeant ses lignes, je crois que mon Patron a atteint une place où il jouit d'une paix complète.

Il est évident que les deux généraux commandants de division et de corps d'armée, en charge de commandement dans l'armée, assument ensemble leur responsabilité respective du repli de troupes hors de Snoul fin mai 1971. Cependant, pendant les quatre dernières années de sa vie épique d'un général compétent, honnête et vertueux, le Général de Division Hieu n'a pas soufflé un mot, et n'a pas ajouté d'autre commentaire sur la bataille de Snoul. De même, le Général de Corps d'Armée Minh n'a pas agi différemment. "Ce silence", pour cette raison, a pu durer pendant plus de trois décennies.

Comme décrit dans la première partie de cet article: après le repli de troupes de Snoul, avant de partir pour assumer d'autre tâche plus important, le Général Hieu est venu rencontrer et dire adieu au Général Minh dans son bureau au QG du District Militaire de la Capitale de Saigon, la première semaine de juin 1971. Dans cette rencontre non officielle, "l'attitude de silence" devrait être l'un des sujets abordés et mis en accord par les deux Généraux Commandants et tous deux ont gardé leur parole jusqu'en ce jour (?).

L'auteur conclue temporairement sur ce point comme suit: si le leadership haut placé a choisi de mettre un couvert sur leurs propres opinions sur le repli de troupes de Snoul, pourquoi devrions-nous, en tant que soldats subalternes, demeurer perplexes sur ce sujet? Pourquoi continuerions-nous à fouiller les faits qui doivent être considérés comme appartenant à l'histoire? Pourquoi devrions-nous essayer de dénicher davantage de preuves? Est-ce que cela conduirait à quelque chose de bon?

Il est bien certain que cette attitude "d'éclabousser la boue" n'est pas en conformité avec celle des deux Généraux Commandants, et contre l'esprit d'unité de la communauté des bloques de réfugiés vietnamiens.

Notes:

* La photo saisit le Général Hieu, Commandant de la 5è Division d'Infanterie, et le Général Minh, Commandant du 3è Corps d'Armée, conversant dans une partie célébrant l'anniversaire de la création du 3è Corps d'Armée, organisée dans le jardin de la résidence du Général Commandant du 3è Corps d'Armée à Bien Hoa. Les comportements pensifs et anxieux qui transpirent dans l'expression faciale des deux Généraux Commandants peuvent être attribués au fait que le jour J prévu pour le repli de troupes de Snoul est seulement à quelques jours après. (L'auteur garde cette photo comme un document personnel du mai 1971).

* (L'auteur est l'attaché du Commandant du 3è Corps d'Armée de mars 1971 à octobre 1973).

Nguyen Ngoc Tung
12 octobre 2009

generalhieu