(Il n'y a pas de doute que le Lieutenant Colonel Ngo Quang Truong a reçu abondamment d'information de renseignements et de conseils tactiques de la part du Colonel Nguyen Van Hieu, Chef D'Etat Major du 2ème Corps, dans la poursuite de l'ennemi en retrait.)

(Note ajoutée le 11/5/2011: L'entrée du G3 Journal/IFFV, le 19/19/1965 à 16:55H, indique que la Brigade de Parachutistes ARVN opèrait sous contrôle direct de G3/2è Corps d'Armée pendant l'opération Than Phong 7: "Fwd CP states the elem's in Abn TF area was coordinated at higher levels than Fwd G3. The Abn TF knows about it.").

Opération Than Phong 7

La Campagne de la Vallée d'Ia Drang fût un événement marquant pour moi, parce qu'elle m'a introduit au plus brillant commandant tactique que j'ai jamais connu.

Colonel Ngo Quang Truong était le chef d'état major du Général Dong. Il ne ressemblait pas à mon idée d'un génie militaire: seulement cinq feet sept de haut, dans sa mi-quarantaine, avec les épaules voûtées et une tête qui apparaissaît trop grande pour son corps. Son visage était tiré et sérieux, pas du tout beau, et il y avait toujours une cigarette pendue de ses lèvres. Pourtant il était révéré par ses officiers et troupes- et redouté par ces commandants nortvietnamiens qui savaient de sa capacité. N'importe quand une opération de combat particulièrement épineuse se montrait, Dong le mît en commande.

Les parachutistes étaient signalés de prévenir les régiments nordvietnamiens battus dans la Vallée d'Ia Drang de s'échapper en se retirant au Cambodge. Je suis à moitié dormi dans ma chambre au Manor BOQ après un copieux repas de poulet au curry et de bière quand l'appel vient de me rapporter à l'aéroport. Truong a assemblé une force de frappe d'une envergure plus large que d'habitude composée de quelque deux milles troupes pour aller à Ia Drang le matin suivant, et m'a choisi comme son conseiller.

Nous volons dans des avions de transports à la piste d'argile rouge à Duc Co, mon ancien terrain d'opérations, puis par hélicoptères au sud de la rivière de la vallée. Dès que nous sortons de nos hélicoptères nous sommes engagés dans les escarmouches et des échanges de coups de feux. La vallée est à peu près douze miles de large au point où la Ia Drang coule vers l'ouest se dirigeant dans le Cambodge- et quelque part dans ses miles de la dense forêt le corps principal de l'ennemi est en train de se déplacer. Nous avons dû nous débarquer au nord, et Truong donne l'ordre aux bataillons de traverser la Ia Drang et prendre positions le long des Montagnes Chu Prong, qui forment une série de crêtes abruptes au sud. Il est fascinant de l'observer opérer. Comme nous marchons, il s'arrêterait pour étudier une carte, et de temps en temps il indiquerait une position sur la carte et dit, "Je veux que vous tirer l'artillerie ici." Je suis sceptique au début, mais fait appel aux barrages; quand nous atteignons les régions nous trouvons des cadavres. Tout simplement en visualisant le terrain et basant sur ses expériences combattant l'ennemi pendant quinze ans, Truong démontre une capacité étrange de prédire ce qu'ils sont en train de faire.

Quand nous campons pour la nuit, il ouvre sa carte, allume une cigarette, et dessine en grandes lignes son plan de bataille. La bande de forêt entre notre position sur les crêtes et la rivière, il explique, crée un couloire naturel-la route que l'ANV prendrait presque certainement. Il dit, "A l'aube nous enverrons un bataillon et le met ici, à notre gauche, comme une force de blocage entre la crête et la rivière. Vers huit heures demain matin, ils feront un grand contacte avec l'ennemi. Puis j'enverrai un autre bataillon ici, à notre droite. Ils feront contact aux environs de onze heures. Je veux que votre artillerie soit prête à tirer dans cette région devant nous," dit-il, "et puis nous attaquerons avec notre troisième et quatrième bataillons en descendant vers la rivière. L'ennemi sera alors coincé avec la rivière à son dos."

Je n'ai jamais entendu quelque chose de pareille à West Point. Je pensais, "Qu'est-ce que c'est que huit heures et onze heures? Comment puisse-t-il prévoir une bataille de cette façon?" Mais je reconnaissais également les grandes lignes de son plan: Truong a réinventé les tactiques que Hannibal avait utilisé en 217 avant J.C quand il enveloppait et anéantissait les légions romaines sur les rives du Lac Traisimene.

Mais, Truong ajoute, nous avons un problème: les parachutistes vietnamiens sont appelés dans cette campagne à cause du souci de l'autorité que les forces américaines dans la poursuite de l'ennemi pourraient s'aventurer trop près de la frontière cambodgienne. Il dit, "Sur votre carte, la frontière cambodgienne est localisée ici, dix kilomètres à l'est où elle apparaît dans la mienne. Afin d'exécuter mon plan, nous devons utiliser ma carte plutôt que la vôtre, parce que autrement nous ne pouvons par aller assez loin pour établir notre première force de bloquage. Ainsi, Thieu ta Schwarzkopf"-thieu ta est le Vietnamien pour "commandant"-"qu'en pensez-vous?"

La pensée de permettre à l'ennemi de s'échapper dans un sanctuaire jusqu'à ce qu'il devienne suffisamment fort pour attaquer de nouveau me donne du mal à l'estomac comme à tout soldat. Quelques uns de ces garçons sont les mêmes que j'ai fait face quatre mois auparavant à Duc Co; je ne voulais pas avoir à combattre contre eux de nouveau quatre mois plus tard. Alors pourquoi devrais-je supposer que ma carte soit plus exacte que celle de Truong?

"Mon avis est que nous utilisons la frontière de votre carte.

Longtemps après qu'il a donné ses commandes d'attaque, Truong s'assoie fumant ses cigarettes et étudiant la carte. Nous revisons le plan à maintes reprises tard dans la nuit, visualisant chaque étape de la bataille. À l'aube nous envoyons le 3ème Bataillon. Ils prennent position et, comme prévu, à huit heures ils appelent et rapportent lourd contact. Comme Truong a prédit, dans la forêt au-dessous de nous l'ennemi s'est heurté contre le 3ème Bataillon à la frontière et décide, "Nous ne pouvons sortir par ce chemin. Rebroussons chemien." Cette décision viole le principe fondamental de fuite et d'évasion, qui est de prendre la pire route possible afin de minimiser le risque d'encontrer un ennemi en attente. S'ils avaient grimpé les Montagnes Chu Prong pour sortir de la vallée, ils auraient pu s'échapper. Au lieu de cela, ils ont suivi le bas terrain, comme Truong a anticipé, et maintenant nous les avons coincés. Il me regarde et dit, "Tirer votre artillerie." Nous bombardons la région au-dessous de nous pour une demi-heure. Puis il ordonne à ses deux bataillons restants d'attaquer vers le bas de la colline; il y a beaucoup de tirs comme nous les suivons vers le bas.

Vers une heure, Truong annonce, "Bien. Arrêtons." Il choisit une petite éclaircie bien charmante, et nous essayons avec son état major et prenons le déjeuner! A mi-cours du repas, il dépose son bol de riz et donne l'ordre dans la radio. "Qu'est-ce que êtes en train de faire?" Je demande. Il donne ordre à ses hommes de fouiller le champ de bataille pour les armes: "Nous avons tué beaucoup d'ennemis, et ceux que nous n'avons pas tué ont jeté leurs armes et ont couru le queu entre les pattes."

Et dire, il n'a rien vu! Toute l'action a été cachée par la forêt. Mais nous demeurons dans l'éclaircie pour le reste du jour, et ses troupes rapportent en plein bras des armes et les entassent en face de nous. J'étais tout exalté-nous avons remporté une victoire décisive! Mais Truong s'assoie tout simplement, fumant ses cigarettes.

Le Général H. Norman Schwarzkopf
It Doesn't Take A Hero (1992)

generalhieu